Notre lettre aux politiques

Le 3 mai 2022, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, nous avons envoyé une lettre pour présenter Kiosque et nos demandes au monde politique pour obtenir davantage de soutien pour la presse périodique et plurielle. Vous pouvez la lire ci-dessous ou la télécharger en pdf.

Madame la ministre des médias,

Madame la ministre de l’enseignement,

Mesdames et messieurs les ministres du gouvernement fédéral, régional wallon, régional bruxellois et de la Fédération Wallonie-Bruxelles,

Mesdames et messieurs les président·es de parti,

Mesdames et messieurs les député·es francophones et européen·nes,

Kiosque est un collectif pluriel de médias belges, francophones et libres qui pratique un journalisme ancré dans la déontologie. Fondé au printemps 2022, Kiosque nous rassemble autour de valeurs et réalités communes. Nos médias ont dans leur ADN la défense de la justice sociale par l’exposé des faits et la pertinence de leur analyse.

À travers une série d’actions communes, notre Collectif entend peser au sein de la société belge et utiliser sa dynamique solidaire pour faire entendre sa voix auprès du monde politique et dégager des scénarios économiques visant à préserver la liberté et la diversité de la presse.

Il souhaite également enrichir le débat démocratique et, par ce biais, renforcer et restaurer la confiance qui lie citoyens, citoyennes et journalisme.

KIOSQUE est actuellement composé de sept titres (Alter Echos, axelle, Imagine, Le Ligueur, Médor, Tchak ! et Wilfried), mais il est appelé à grandir dans le temps. Ensemble, nous employons une vingtaine de journalistes salarié·es et une soixantaine d’indépendant·es, générons une activité économique locale et durable (imprimeurs, diffuseurs, web développeurs, libraires…) et cumulons plusieurs dizaines de milliers de lecteurs et lectrices via nos publications papier, nos sites web et nos réseaux sociaux.

De son côté, l’Association des Journalistes professionnels (AJP) marque son intérêt et salue cette initiative en ce qu’elle vise à valoriser le pluralisme et la qualité journalistique. 

En effet, nous faisons face aujourd’hui à une réalité médiatique qui se complexifie et se dégrade : domination et concurrence déloyale des Gafam, transformation des habitudes d’achat et de lecture, diffusion de fake news et impact négatif de ces infox sur la société, défiance grandissante à l’égard des médias, détérioration inquiétante des conditions de travail des journalistes, etc.

Par ailleurs, notre secteur est confronté à une série de difficultés socio-économiques qui se sont amplifiées depuis l’arrivée de la pandémie : hausse successive du prix du papier et de l’énergie, augmentation des tarifs d’envoi via bpost, fermeture régulière de librairies, baisse de la diffusion…

Dans ce contexte, nous avons décidé de nous unir autour de valeurs communes (une éthique partagée, des pratiques innovantes autour du journalisme, notre impact dans la société), afin de nous renforcer collectivement et de mutualiser autant que possible nos ressources et nos services (promotion, diffusion, régie publicitaire…).

La pluralité, la diversité et la capacité d’agir d’une presse libre est le signe d’une certaine vitalité démocratique. Au quotidien, nos titres de presse réalisent, avec humilité, mais exigence et conviction, un travail d’intérêt général qui nourrit le débat public.

Ce 3 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, nous avons décidé d’interpeller les différents niveaux de pouvoir afin qu’ils nous soutiennent dans notre démarche.

À travers cette lettre collective, nous souhaitons mettre en avant quelques propositions concrètes et constructives.

  1. La promotion de la presse libre. À travers divers canaux de diffusion (circulaires, courriels, actions ciblées…) les pouvoirs publics sont en mesure de mettre en avant nos médias auprès de différents publics (universités, hautes écoles, enseignement secondaire, secteur de la Lecture publique, secteur non-marchand, Aide à la jeunesse, centres culturels…).

Dans le secteur de l’enseignement, de l’Aide à la jeunesse et de l’éducation aux médias en particulier, ce soutien peut prendre des formes diverses (achats de numéros à diffuser dans les écoles et les maisons de jeunes, sensibilisation des enseignant·es et des directions, implication des rédactions dans des projets pédagogiques, etc.).

  1. Le rehaussement et la durabilité de l’Aide à la presse périodique d’opinion (FWB). Depuis des années, cette subvention est plafonnée dans le cadre d’une enveloppe fermée. Les conditions sont déterminées par le Ministre en charge des médias. Le montant est limité (environ 500 000 euros par an, contre 10 millions pour la presse quotidienne). Nous souhaitons que cette aide soit revue à la hausse, garantie dans le temps, encadrée par décret et que les conditions d’octroi soient décidées sur une base objective, équitable et transparente, en prenant en compte la spécificité des médias soutenus (emploi, coûts de production, diffusion…).

Le cabinet de la ministre actuelle a entrepris une consultation du secteur et s’est engagée à revenir courant du mois de mai avec une proposition de décret.

  1. L’achat d’espaces promotionnels. Très régulièrement, les pouvoirs publics, tous niveaux de pouvoir confondus (communes, régions, provinces, administrations…), sont amenés à communiquer dans le cadre de campagnes d’intérêt général, de journées de sensibilisation, d’actions citoyennes… Nos médias touchent un large public et constituent une belle caisse de résonance. L’achat groupé d’espaces promotionnels est une manière de les soutenir concrètement.
  1. Des abonnements institutionnels et collectifs. Dans différents départements (cellules de communication, bibliothèques, services de documentation, cabinets ministériels, groupes parlementaires, centres d’études…), nos médias sont d’excellentes sources d’information. Il en va de même pour les institutions belges à l’étranger (ambassades, consulats, délégations…). Les abonner aux différents titres de KIOSQUE est une manière d’enrichir leurs collections et de leur apporter de la documentation de qualité.
  1. Une révision des tarifs postaux. bpost offre aux éditeurs de presse des tarifs préférentiels. Mais, au fil du temps, ces frais d’envoi n’ont cessé d’augmenter (+ 20 % en 6 ans pour les timbres « presse », + 36 % pour les envois classiques). bpost est incontournable, mais ce service public, qui est par ailleurs loin d’être optimal (envois non assurés, retours inexpliqués, magazines abîmés, manque de suivi commercial…), a un coût de plus en plus élevé. KIOSQUE souhaite l’application de tarifs moins élevés et un soutien plus marqué de la part de bpost.
  1. Une aide administrative. Régulièrement, des appels d’offres publics (appel à projets, bourses, subventions ponctuelles…) sont diffusées au niveau fédéral, européen et des entités fédérées. Par manque de moyens logistiques et de temps, nos médias ne sont pas toujours en mesure d’en prendre connaissance. La désignation d’un point de contact au niveau fédéral, régional et communautaire centralisant et relayant ces appels d’offres constituerait une aide précieuse.
  1. Un soutien logistique à KIOSQUE. Notre collectif est une association de fait. Elle repose sur l’implication bénévole des différentes rédactions associées. Pour exister, se développer et envisager la mutualisation de services et de ressources (diffusion, distribution, régie publicitaire…), elle aura besoin de moyens logistiques qui peuvent prendre différentes formes : création d’un emploi de coordination pris en charge par les pouvoirs publics ; lancement d’une étude de faisabilité pour la mise en place d’une régie publicitaire et d’une coopérative de diffusion commune réalisée par l’administration ; valorisation des médias libres via divers canaux (espaces publicitaires offerts dans les télévisions régionales, relais sur les portails des différentes administrations, organisation d’une journée annuelle des médias libres, etc.).

La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d’opinion et la liberté d’expression.

Derrière les principes et les intentions, il y a la réalité économique, sociale et journalistique des médias comme les nôtres, très attachés à leur indépendance et à leur capacité d’agir et d’exercer leur métier avec force, passion et probité.

En tant que dirigeant·es, élu·es et leaders d’opinion, vous avez un rôle à jouer pour entretenir cette liberté de la presse et la faire vivre, notamment, via les différentes pistes et outils évoqués ci-dessus.

En ces temps médiatiques bousculés, mais où l’appétit des citoyens et des citoyennes pour une information fiable, approfondie et soignée reste grand, votre soutien est précieux et salutaire.

D’avance merci pour le suivi que vous accorderez à ces propositions constructives et ouvertes.

Médiatiquement vôtre,

Le collectif KIOSQUE

Alter Échos

axelle

Imagine

Le Ligueur

Médor

Tchak !

Wilfried